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Travailler dans la finance, très bien, mais dans quelle branche, avec quel parcours ? Voici un bref panorama des métiers clés de ce domaine extrêmement divers, dynamique, où le travail ne manque pas et qui regorge de spécialités pointues.
Peut-on vraiment parler de LA finance ? En réalité, on devrait évoquer LES finances, tant ce domaine ouvre à une diversité de débouchés : trader pour une banque internationale, boursier communal, réviseur aux comptes d’une société cotée, CFO d’une PME suisse, associé d’une fiduciaire…
Points communs de ces métiers ? Quelques qualités fondamentales indispensables: une grande curiosité, d’abord. « Le propre de la finance c’est de traduire en termes chiffrés, comptables, un secteur d’activité qu’on cherche à comprendre. Il s’agit donc de le comprendre en profondeur, et pour cela il faut être capable de s’y intéresser dans ses moindres détails », explique Camille Moser, associée de la fiduciaire Maillard SA à Pully.
Autre compétence clé : une solide capacité analytique, exercée avec beaucoup de rigueur. « Indispensable afin de construire des raisonnements, stratégies ou approches spécifiques. Et s’y référer ensuite, pour garder une cohérence dans sa manière de travailler », explique la jeune experte.
Trois grands secteurs : marché, entreprises, comptes publics
Trois univers se distinguent dans la finance. Ils disposent chacun de leur cadre règlementaire et leur culture : la finance de marché, la finance d’entreprise et les finances publiques.
La finance de marché
Elle regroupe une série d’activités en lien avec les marchés boursiers. Dans cet environnement libéral, l’enjeu prioritaire reste de maximiser le rendement par rapport au risque, en fonction de différents critères. Mais cette priorité s’exerce très différemment selon les métiers.
Voici quelques grandes familles de métiers :
- La recherche : ici, votre rôle est d’élaborer des produits financiers qui répondent à une série de besoins, et sont capables de les combiner. C’est un secteur qui peut s’avérer abstrait, complexe, proche des mathématiques fondamentales.
- La vente et la négociation : l’enjeu est de faire comprendre et vulgariser ces produits financiers, les traduire pour différents clients (particuliers ou institutionnels).
- La gestion : pour un particulier ou une structure, vous développez des connaissances et compétences autour de toutes les grandes familles de produits financiers existants, pour investir et gérer des fonds, choisir de se protéger des risques. Vous devenez peu à peu spécialiste des marchés. Contrairement aux idées préconçues, ce n’est pas tant la valeur des sommes sous gestion qui fait la différence dans ce secteur, mais votre client final. « Travailler pour un family office, une entreprise, une banque ou une institution engendre des décisions très différentes car les attentes en termes de rendements ou de prise de risques ne sont pas du tout les mêmes », explique Luc Oesch, CFO du Centre Patronal.
- Le respect du cadre légal : les actifs élaborés, achetés, ou sous gestion respectent-ils le droit, sont-ils sûrs, répondent-ils à toutes les obligations légales ? Votre métier demandera de grandes connaissances juridiques et fiscales, et vous travaillerez à l’intersection de fonctions opérationnelles et d’autorités des décisions.
Quelles formations pour intégrer la finance de marché ?
Pour la gestion de fortune, une formation et une expérience bancaire constituent une voie royale, même si elles sont loin d’être les seules. Les compétences analytiques sont particulièrement nécessaires dans ce secteur d’activité. Chacun des quatre domaines de la finance de marché compte également ses propres spécialités.
La finance d’entreprise
Dans cet écosystème, l’objectif est de protéger les intérêts financiers d’une société, PME locale ou grande multinationale. Tout un éventail de métiers qui peuvent être exercés en interne ou à l’extérieur de la société.
- La comptabilité : par la saisie de toutes les écritures, ce métier permet de comprendre l’entreprise et son activité de manière détaillée et chiffrée. Une fonction potentiellement menacée à moyen terme par l’automatisation : « les composantes peu qualifiées de ces métiers sont en partie en voie de disparition », estime Luc Oesch.
- Le contrôle de gestion : comme un ingénieur, le contrôleur de gestion doit trouver des solutions ! Interface entre la finance, la comptabilité, il essaye de « fluidifier et rendre plus agile les processus métiers, dans une logique d’optimisation des coûts », explique Luc Oesch.
- L’audit : interne ou externe, ce rôle est celui d’« ange gardien » qui vérifie que l’entreprise a anticipé et contrôlé ses risques financiers, mis en place les processus nécessaires pour convenir aux règles juridiques, fiscales, légales. Un métier qui offre une grande indépendance. « Un auditeur interne ou externe rapporte aux plus hautes instances de l’entreprise et doit travailler en toute indépendance », pointe Luc Oesch. Sa fonction nécessite également de bonnes compétences juridiques.
- Le fiscaliste : Comment s’assurer que l’entreprise optimise sa charge fiscale, tout en respectant le droit ? Le fiscaliste peut être interne ou externe, dans tous les cas son champ d’action est potentiellement très vaste, et compte aussi des spécialités. Ce qui explique qu’il travaille souvent dans un cabinet spécifique. « Ce métier est vraiment à cheval entre le droit, l’économie et la finance. Nous pouvons aussi bien nous occuper des implications financières en cas de restructuration d’une société internationale, de la manière optimale de transmettre une PME lorsque le fondateur la remet à l’un de ses enfants », explique Thierry De Mitri, conseiller fiscal indépendant. Sans compter l’application de la Taxe sur la valeur ajoutée (T.V.A) et ses multiples arcanes ! C’est aussi une fonction en plein essor.
- La direction : définir la stratégie financière d’une organisation, la faire connaître, la défendre, l’appliquer et l’adapter au quotidien, quelles que soient les circonstances économiques. C’est la vaste tâche du CFO ou directeur financier, parmi de multiples autres casquettes.
Quelles études et formations pour la finance d’entreprise ?
Le brevet fédéral de spécialiste en finance et comptabilité constitue une bonne entrée en matière dans le secteur, cité par tous les interlocuteurs comme l’une des formations les plus polyvalentes et recherchées. Un bachelor en économie avec une option finances peut également constituer une entrée en matière.
Mais Luc Oesch pointe aussi le diplôme d’expert en finance et controlling, très orienté vers la pratique et la gestion d’entreprise.
Celui d’expert fiduciaire, ou encore les formations orientées vers le secteur bancaire, très spécialisées peuvent être intéressants aussi. « Attention, car ce secteur très spécifique est parfois très catalogué, y entrer est faisable, en sortir parfois moins », note le CFO du Centre Patronal.
La force de la finance d’entreprise est que les diplômes de la branche sanctionnent l’expérience professionnelle et notamment l’expertise, que l’on développe souvent tant certaines questions sont pointues et spécifiques. « Les diplômes d’experts sont très bien reconnus dans la branche qui les exploite particulièrement bien puisqu’ils permettent vraiment de se différencier. En finances d’entreprise, un diplôme permet très rapidement de se différencier, d’autant que l’employabilité dans le secteur est exceptionnelle », explique Camille Moser.
Ces spécialités peuvent s’acquérir au fil de la carrière, avec des diplômes fédéraux, des masters spécialisés ou des modules très pointus, comme un CAS en fusion-acquisition d’entreprises, par exemple.
A noter qu’outre le métier, c’est le secteur d’activité en lui-même qui est important pour pouvoir s’épanouir. « Puisque la finance implique de connaître parfaitement toutes les activités d’une entreprise, si on aime le sport, on peut tout à fait être comptable d’une société du domaine, ou d’un club sportif ! C’est un des intérêts de la finance », pointe Camille Moser.
Les finances publiques
Un domaine guidé par une logique très différente des deux autres secteurs évoqués. « On part ici de dépenses incompressibles, et l’enjeu est plutôt de trouver une manière d’équilibrer les comptes. Avec une contrainte forte : les revenus ne peuvent pas être facilement augmentés, puisqu’il s’agit d’impôts ! », pointe Camille Moser. Par ailleurs, les normes financières et comptables du secteur public sont spécifiques, et les décisions prises dans ce champ sont très rapidement liées au domaine politique, ce qui demande une sensibilité spécifique et un goût pour la chose publique.
Quelles études et formations pour les finances publiques ?
Ici aussi, le brevet fédéral de spécialiste en finance et comptabilité constitue une base incontournable. Les métiers et formations basés sur le droit sont également appropriés. Des connaissances solides en sciences politiques et communication sont bienvenues. Si l’idée est de se spécialiser dans le domaine public, un bachelor ou un master spécialisé auprès d’un institut spécialisé dans les collectivités publiques reste l’idéal.
Quitter le secteur public pour le privé est parfois compliqué, l’inverse l’est moins. Mais les passerelles entre finances privées et publiques existent et ne sont pas radicalement étanches, loin de là. Un réviseur aux comptes pour une commune peut tout à fait exercer la même fonction en entreprise.
En résumé
Finance de marché, d’entreprise, ou publique, les métiers de la finance se divisent en trois grands secteurs. Tous demandent beaucoup de curiosité, de rigueur et une solide capacité analytique.
Le diplôme incontournable pour débuter dans le domaine reste le brevet fédéral de spécialiste en finance et comptabilité. Mais pour évoluer, une spécialisation est nécessaire. La fiscalité offre, en particulier, de nombreuses possibilités d’expertise.
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